Aidants pas aidés.
Malgré les lois et réglementations draconiennes, la vie d’aidant n’est pas un long fleuve tranquille. Il faut savoir que gérer, administrer ponctuellement ou en permanence, sous statut de volontaire obligé ou légal, désigné par les diverses Administrations en responsabilité de cas parfois difficiles, complexes ou très particuliers reste contraignant.
La vie de ces aidants n’est pas une sinécure, parfois, trop souvent hélas, les chausse-trappes sont constantes, semée d’embûches, il faut vraiment vouloir aider, que ce soit par nécessité ou devoir, la tâche reste ardue, épuisante, décourageante aussi.
Pas aidés dans leurs tâches du quotidien, trop fréquemment empêchés par des (interlocuteurs campés dans leurs prés carrés, sans formation au dialogue et à la négociation ou encrés dans leurs certitudes parfois fausses, le manque de motivation, la crainte des conséquences de leurs dires, l’incertitude de la pérennité de leur emploi) ainsi, les aidants sans réponse pertinente restent donc en souffrance.
Mes propos illustrent la vraie vie des aidants et accompagnants.
Voici, par ces quelques exemples du quotidien, les questionnements qu’ils se doivent de résoudre.
Que dire, que faire, lorsqu’un protégé vous annonce, lors de votre visite, qu’il ou elle est malmené par un soignant? C’est à ce moment que votre travail d’enquêteur impartial commence, à vous de questionner, identifier, le contexte et la véracité des faits. Sans accuser, il vous faut analyser la raison des accusations, interroger (discrètement) les voisinages, les autres intervenants. Il vous reste encore la décision (dénoncer ou laisser en attente votre vigilance) dans l’espoir secret de la fin des récriminations.
Il est très anxiogène de décider d’une réponse adéquate, vous devez tenir compte de la personnalité du plaignant, ses pathologies éventuelles, les pressions psychologiques possibles après les faits s’ils sont avérés, le contexte de lieu et de circonstance est important dans la décision.
Que dire de l’impossibilité de joindre un service médical afin de vérifier rapidement une alerte constatée de visu? Avec le manque de médecins, surtout dans les campagnes reculées de notre territoire, c’est une galère très prenante, afin de trouver réponse, action rapide, écoute surtout. Les soignants sont eux aussi, parfois, mais pas toujours cependant, en situation de stress par manque de personnel, la faute au (quoiqu’il en coûte détourné).
En effet, que faire si vous constatez la non distribution dans les règles de l’art des médicaments, des soins, les toilettes expéditives, l’abandon prolongé dans leurs chambres des patients âgés restés sans attention ou visite fréquente des équipes en chargées de leur bien-être. Déjà que les aidants reconnus par l’Administration ne peuvent se faire entendre facilement, je vous laisse imaginer les difficultés pour les familles des hébergés en EHPAD pour se faire écouter et comprendre. Il est vrai que les solutions onéreuses d’hébergement en établissement pour personnes âgées sont une alternative crédible afin de soulager les familles d’où la crainte, en cas de questionnements répétés, de perdre ce droit d’hébergement.
Que dire aussi des fratries attentistes, souvent inactives, observatrices zélées mais, très critiques des actions du pauvre aidant ? Volontaire ou désigné qu’il effectue sa fonction avec assiduité et abnégation sans compter ses heures, ses trajets, sa présence fréquente et régulière, trop souvent il se trouve vilipendé et victime de quolibets désobligeants. J’ai souvenance d’un cas récent, lors d’une trop longue panne de chauffage central dans un établissement de ma région. En réponse, la fratrie distante très compréhensive!!! adresse un courrier incendiaire (Mais, que fait la tutrice?) de quoi motiver les aidants.
Que dire des nombreuses tâches et obligations administratives, gestion des finances, des placements et des paiements, suivi des mutuelles, supervision des soins, sans oublier la protection, l’entretien et la sécurité des biens des personnes sous mandat, les rendez-vous médicaux et dentaires, etc. Je suis certain que bien des lecteurs pas encore concernés par mon billet ne s’imaginent la somme de dossiers et paperasses nécessaire afin d’archiver et répondre à toute réquisition des autorités ou des affiliés. Je vous certifie que, parfois, c’est une prise de tête à tout abandonner. Heureusement, les aidants pas aidés ont conscience de la nécessité de leurs actions et ils les font, parfois pour la gloire simplement, il faut le souligner.
Si vous me faites l’honneur de lire le présent feuillet dans son intégralité, je vous demande donc de bien vouloir, à l’avenir, avoir une pensée reconnaissante et compatissante lors de vos prochaines rencontres ou discussions avec ces aidants pas aidés.
N’oubliez pas qu’il se pourrait, qu’un jour, vous soyez concernés (je ne vous le souhaite pas) pour vous-même ou l’un de vos proches par de tels questionnements.
Ceci est mon humble avis, Père JASSE.
lundi 7 octobre 2024
Aidants pas aidés
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